Jigeen Ñi Tamit, programme d’appui à l’entrepreneuriat féminin au Sénégal, a désormais pris son envol et les missions sur terrain se succèdent. La semaine du 25 au 29 mars, une équipe technique s’est rendue à Mbour pour une formation en gestion des entrepreneures transformatrices de fruits et légumes.

La première journée est dédiée aux définitions de l’entrepreneuriat. La participation des bénéficiaires présentes est d’emblée sollicitée avec des travaux en groupes pour définir d’une part les freins au bon fonctionnement d’une entreprise, et d’autre part les solutions pour surmonter ces obstacles. Jérome, le formateur, adopte une position d’accompagnateur et aborde l’entrepreneuriat sous des formes concrètes auxquelles les participantes sont familiarisées. Il compare par exemple l’activité d’une entreprise à celle, plus quotidienne dans leur foyer : elles vont acheter des aliments au marché chez les fournisseurs, transforment ensuite les aliments en un repas, et finalement servent le repas pour satisfaire leur famille. Cette suite d’actions doit être la même dans leur entreprise, avec pour objectif la satisfaction du client. Cette semaine se veut pratique et les participantes sont réellement actrices de la formation.

Le management d’une équipe et la gestion de la concurrence sont abordés sous la forme d’un jeu. Les 20 participantes sont divisées en 4 groupes et mises en compétition dans un jeu de fléchettes. Il s’agit pour les différents groupes d’évaluer les compétences de leurs membres, les outils (un petit pistolet à fléchette) et l’environnement (le vent, etc.) afin de faire un choix raisonné. Les participantes sont également invitées à évaluer les risques et leur pertinence pour essayer de dépasser la concurrence. Cette approche très appréciée des femmes leur permet d’appliquer concrètement les principes de management.

Une autre application s’est déroulée sous la forme de jeux de rôles. Les participantes sont invitées à incarner une unité de transformation d’un côté et des fournisseurs et clients de l’autre côté. Cette scénarisation leur permet de mettre en pratique les connaissances acquises grâce à la formation sur l’organisation d’une unité et les procédures de gestion ainsi que sur l’approche fournisseur et l’approche client. Bien que la méthodologie soit ludique, les femmes restent concentrées et font un compte-rendu honnête de l’activité, reconnaissant leurs faiblesses et les points à améliorer

Maguette Diallo, présidente de l’association des Femmes Autonomes de Mbour, partage ses impressions : «Certaines femmes parmi nous sont un peu désordonnées, travaillent du matin au soir mais ne savent pas utiliser leur argent, elles le gaspillent. Les exercices nous ont permis de comprendre que nous devons nous réorganiser avant de préparer un plan d’action, de chercher des marchés, etc. Il faut répartir les tâches et faire des groupes de travail. Avant, je travaillais, j’allais au marché et je ne savais même pas combien je dépensais. Maintenant, j’ai des fiches de stock, des fiches d’achat, des fiches de production et de produits finis. Cette formation nous a permis de réorganiser notre entreprise».

Au terme d’une semaine de formation chargée tout en étant ludique, les participantes repartent avec de nouvelles connaissances ou des connaissances renforcées. Elles pourront dès lors les appliquer à leur unité de transformation et ainsi stimuler la croissance de leur entreprise via une gestion organisée et réfléchie.